Patrimoine : pourquoi certains sont-ils prêts à dilapider les trésors nationaux ?

Gepubliceerd op 4 september 2014 om 14:26

In gesprek met Muriel Lefèvre, Le Vif, 4 september 2014

 

À propos de la vente d'œuvres d'art publiques

"Le sujet est complètement tabou et semble hautement improbable dans les milieux scientifiques. Si on demande l'avis des directeurs des institutions scientifiques, on ne vendra jamais des oeuvres qui appartiennent au patrimoine national. Et ce pour trois raisons. La première c'est que c'est tout simplement illégal. La seconde c'est que vendre de l'art qui appartient à la collectivité revient à le privatiser et donc à appauvrir la communauté. Tertio c'est qu'en vendant une oeuvre de cette façon, on la brade. Pas seulement parce qu'elle risque d'être vendue en dessous de sa valeur, mais aussi parce que l'oeuvre a une valeur économique qui va au-delà de son prix en tant que tel. En effet une riche collection attire de nombreux touristes qui vont faire vivre l'économie locale. Bref ! Vendre une collection, en dehors de ce que cela peut avoir de choquant, est surtout une très mauvaise opération commerciale."

"Dans le cas d'un plan de collection à long terme, clair et motivé avec précision, un musée peut envisager de se séparer de certaines oeuvres. Et ce pour enrichir ses collections tout en lui assurant une plus grande homogénéité. Prenons par exemple le cas hypothétique d'un musée qui serait entièrement consacré aux expressionnistes wallons et qui, par hasard, se trouve en possession d'un Picasso. On pourrait dès lors envisager qu'il vende ce Picasso pour acquérir des oeuvres plus en rapport avec la thématique centrale du musée. Un exemple plus concret est celui Metropolitan Museum of Art qui, en 2013, a vendu 3290 oeuvres pour une valeur de 5,4 millions de dollars. Mais il s'agissait de pièces qui n'étaient jamais sorties de leur réserve. Ce n'était, par ailleurs, pas une première pour le musée puisque, dès 1972, il avait déjà vendu en secret un Vincent Van Gogh et un Henri Rousseau pour pouvoir acheter un Velasquez. Donc, si l'opération peut se révéler constructive pour un musée, elle est et reste une opération extrêmement délicate qui doit être traitée avec la plus grande prudence."

 

Foto: La famille Soler de Picasso © EPA